Les troglodytidés

Dans l'immense ordre des Passériformes, la famille des Troglodytidés comprend des oiseaux insectivores de petite taille. Toutes les espèces vivent dans le Nouveau Monde, excepté une, le Troglodyte mignon (Troglodytes troglodytes) qui vit aussi dans l'Ancien Monde.

Souvent mentionné dans les légendes de l'Ancien Monde, mais beaucoup moins dans la mythologie du Nouveau Monde, ce joli petit oiseau est le symbole de l'environnement naturel qui doit être protégé.

Les Troglodytidés sont des oiseaux plutôt petits, excepté le Troglodyte géant (Campylorhynchus chiapensis) du sud du Mexique avec une longueur de 22 centimètres . Le plus petit est le Troglodyte à bec court (Cistothorus platensis) qui mesure 10 centimètres .

Ils ont habituellement un plumage sombre avec du brun, du noir ou du roux, parfois avec des zones et des dessins noirs et blancs. Quelques oiseaux du genre Thryothorus peuvent présenter de beaux dessins sur la tête et la poitrine Un fait typique chez presque tous les troglodytes est la prédominance des barres sur les rémiges et les rectrices. La taille de la queue varie avec chaque espèce. Les ailes sont relativement courtes et arrondies, permettant des vols courts dans la végétation épaisse. Les Troglodytidés ne présentent pas de dimorphisme sexuel au niveau du plumage. Le mâle et la femelle sont semblables et il y a également peu de différence entre les jeunes et leurs parents. Le bec est souvent relativement long et légèrement incurvé vers le bas. Sa forme dépend du style de vie et des habitudes alimentaires de l'espèce.

Comme ces oiseaux passent la majorité de leur temps à se nourrir dans la végétation basse près du sol, ils ont en général des pattes et des doigts robustes et puissants avec de longues griffes. Cependant, les troglodytes du genre Odontorchilus qui se nourrissent dans la canopée présentent des pattes et des doigts fins et délicats.

Une espèce a récemment été ajoutée dans cette famille, en dépit de son apparence extérieure plus proche des Mimidés que des Troglodytidés. Le Donacobe à miroir (Donacobius atricapilla) possède des ailes puissantes et arrondies et une longue queue graduée presque en forme d'éventail. Les pattes sont longues et robustes, le bec long et solide. On peut voir une zone de peau nue jaune ou orange de chaque côté du cou, utilisée au cours des parades nuptiales.

Les troglodytes sont de bons chanteurs. Le chant peut se composer de sifflements doux mais aussi de phrases sonores. Quelques exemples comme le Troglodyte des canyons (Catherpes mexicanus) qui émet des cascades de sifflements doux et fluides, le Troglodyte des cactus ( Campylorhynchus brunneicapillus ) lance des « char-char-char-char » rythmés dans le désert, le Troglodyte des marais ( Cistothorus palustris) et son gazouillis particulier, le Troglodyte de Caroline (Thryothorus ludovicianus ) et son mélodieux « teakettle-tea-kettle » ou encore les oiseaux du genre Thryothorus avec leurs chants et duos remarquables. Les jeunes apprennent à chanter avec leurs parents en les imitant. Ils deviennent en général de bons chanteurs au cours du printemps suivant et sont alors capables d'établir leur propre territoire. Les dialectes vocaux varient sur de petites distances. Les troglodytes chantent habituellement pendant la journée, excepté le Troglodyte des marais qui chante parfois la nuit, surtout au cours des nuits de pleine lune.

Les troglodytes se sont accoutumés à de nombreux types d'habitats. Ils ont besoin de zones boisées avec des sous-bois, et préfèrent en général les habitats humides alors que certaines espèces comme le Troglodyte joyeux ( Thryothorus felix ) et le Troglodyte barré ( Thryothorus pleurostictus ) habitent les forêts plus sèches et les broussailles. Mais la majorité des oiseaux du genre Thryothorus vit souvent aux lisières des forêts. D'un autre côté, les oiseaux du genre Microcerculus sont très territoriaux et vivent dans des forêts humides primaires et restreintes à basse altitude. Seul le Troglodyte flûtiste ( Microcerculus ustulatus ) qui est une espèce de la montagne, est visible depuis le niveau de la mer jusqu'à 2100 mètres d'altitude au Venezuela.

Quelques Troglodytidés sont étroitement associés aux habitats rocheux et vivent dans des zones sèches et arides, dans les éboulis et sur les pentes caillouteuses, les façades rocheuses, les canyons et les falaises côtières en Californie. Le Troglodyte des canyons est visible dans les hautes terres jusqu'à 3000 mètres d'altitude. Les espèces du genre Cistothorus préfèrent les habitats humides de divers types. Le Troglodyte des marais est confiné dans la végétation des roselières au-dessus des eaux calmes, ou des laîches dans les marais côtiers saumâtres. Le Donacobe à miroir est un autre habitant des marais. Il fréquente la végétation broussailleuse le long des rives des cours d'eau et nidifie uniquement dans la végétation des marais.

Le Troglodyte mignon vit sur quatre continents, l'Amérique du Nord, l'Europe, l'Afrique du Nord et l'Asie où il fréquente plusieurs sortes d'habitats depuis le niveau de la mer en Europe, entre 1200 et 1800 mètres en Afrique du nord, et jusqu'à 2500 et 4800 mètres au Népal. Ces petits oiseaux ont su remarquablement s'adapter à divers types d'habitats et altitudes selon leur distribution géographique. Les Troglodytidés sont d'abord des oiseaux du Nouveau Monde et occupent les Amériques, depuis l'Alaska et le Canada jusqu'au Sud de l'Argentine. Une seule espèce, le Troglodyte mignon se trouve en Amérique du Nord, en Europe et à l'Est de l'Asie, avec quelques populations en Afrique du nord. Les espèces vivant en Amérique Centrale et du Sud sont résidentes, alors que les populations du nord de la distribution migrent vers des régions plus chaudes en hiver. Les jeunes se dispersent après avoir quitté le groupe familial, mais ils parcourent en général des distances très courtes. Dans l'Ancien Monde, le Troglodyte mignon comprend des populations sédentaires et migratrices, avec les oiseaux du nord allant hiverner plus au sud.

Les Troglodytidés se nourrissent surtout d'Arthropodes, mais les techniques utilisées varient selon les espèces. Leurs comportements alimentaires dépendent de l'habitat. La plupart d'entre eux se nourrissent dans la végétation basse, examinant chaque feuille ou cherchant dans le tapis de feuilles mortes sur le sol. Ils consomment plusieurs sortes d'insectes tels que larves de Lépidoptères, fourmis, scarabées, sauterelles, mouches, mais aussi araignées, cloportes, centipèdes et millepattes.Il leur arrive de consommer quelques graines, mais très peu.

Le Troglodyte de Caroline est le seul à consommer des petits invertébrés comme les lézards, les grenouilles arboricoles et même les jeunes serpents.

Le Donacobe à miroir se nourrit presque exclusivement d'invertébrés pris sur les feuilles ou en vol. Les deux membres du genre Odontorchilus se nourrissent au niveau supérieur dans les forêts, jusqu'à 30 mètres ou plus au-dessus du sol. Quelques espèces terrestres suivent les concentrations de fourmis légionnaires. Le Troglodyte mignon est un peu différent car il lui arrive de chasser des têtards et des tout petits poissons en pataugeant dans l'eau peu profonde et même en immergeant la tête. Les espèces qui vivent dans les rochers ont un bec plus long et plus incurvé qui leur permet de chercher profondément dans les crevasses. Les Troglodytidés sont opportunistes et savent tirer parti de toutes les sources de nourriture disponibles.

Les troglodytes sont des oiseaux furtifs et discrets, très difficiles à voir. Ils disparaissent très vite dans la végétation s'ils sont dérangés. Sous les climats tempérés, ils vivent souvent en solitaire ou en couples, et ne restent en groupes familiaux que durant une période limitée après la saison de reproduction. D'autres espèces sont plus grégaires et sont vues en groupes ou peuvent se joindre à d'autres bandes mixtes. Beaucoup d'entre eux dorment en groupe familiaux, ou la femelle reste avec les jeunes. Le Troglodyte mignon utilise souvent des dortoirs communautaires. Beaucoup de Troglodytidés appartenant à différents genres ou vivant dans des habitats divers ont développé un comportement étrange. Ils détruisent les œufs, et même aussi les nouveau-nés d'autres espèces. Le Troglodyte familier ( Troglodytes aedon ) est très destructeur. Il entre dans le nid d'une autre espèce comme la Mésange de Caroline, la Mésange bicolore ou la Sittelle à poitrine blanche et perce les œufs ou les éjecte. Ce genre de comportement a été observé depuis plus d'un siècle, donnant à ces oiseaux une très mauvaise réputation. Dans certaines régions, la prédation par les troglodytes joue un rôle important dans les déclins des Parulines.

Le Donacobe à miroir a des comportements plus similaires à ceux des Mimidés. Il est bruyant, et vit en petits groupes familiaux. Cette espèce effectue des parades nuptiales rituelles.

Les Troglodytidés prennent des bains de poussière et se baignent aussi dans l'eau selon l'habitat. Quelques autres prennent des bains de soleil. Ils peuvent être agressifs en défense du territoire et pendant la reproduction. Au cours des parades de menace, l'oiseau déploie ses ailes, la queue est partiellement ouverte et abaissée, alors que le bec est pointé vers l'intrus. Les combats physiques sont rares. Les deux oiseaux s'envolent verticalement sur une courte distance et battant des ailes entre eux, en s'agrippant avec les griffes et en se donnant parfois des coups de becs. Quand ils sont excités, les troglodytes ont souvent la queue relevée, presque rabattue sur le dos.

Les Troglodytidés ont quelques critères et stratégies inhabituels chez les passereaux, comprenant la polygamie, occasionnellement la polyandrie ainsi que la reproduction communautaire, c'est-à-dire avec des « aides ». Ils construisent plusieurs nids dans une seule saison, en plus ou moins grand nombre selon les races. Le Troglodyte des marais mâle peut construire jusqu'à 22 nids différents, et la femelle choisit le plus adapté qu'elle complète, ou bien le mâle le fait pour elle.

Les nids en surnombre servent à dérouter les prédateurs et aussi pour dormir.

Les membres du genre Campylorhynchus se reproduisent en groupes avec des aides qui prennent part à la défense du territoire, à l'élevage des jeunes et à leur défense contre les prédateurs. Quelques groupes peuvent contenir jusqu'à 14 oiseaux, avec un couple reproducteur dominant et plusieurs aides. Les jeunes restent dans le groupe familial pendant environ un an et ensuite, les femelles et la plupart des mâles se dispersent vers d'autres groupes.

Excepté les espèces cavernicoles et l'atypique Donacobe à miroir, tous les troglodytes construisent un nid avec un toit et une entrée latérale. C'est une balle de forme ovoïde faite avec des herbes, des radicelles et des fibres, avec un trou sur le côté. L'intérieur est tapissé de matériaux plus doux. Chez le Troglodyte des marais, le nid qui sert à la reproduction présente une sorte de seuil ou de rebord à l'entrée afin de protéger les œufs du vent et d'éviter leur chute. Les formes de nids varient selon les espèces et certaines d'entre elles construisent même des nids à deux pièces comprenant une chambre d'incubation et un tunnel d'entrée. Les troglodytes qui nidifient dans des crevasses construisent des structures ouvertes avec des feuilles mortes et sans toit. Le Troglodyte des canyons prépare une coupe ouverte avec des matériaux fins sur une base de brindilles et de mousse, alors que le Troglodyte des rochers construit les fondations du nid avec une couche de graviers.

Les Troglodytidés nidifient dans toutes sortes de végétaux tels que buissons épais, joncs, cactus, cavités naturelles ou nichoirs artificiels, crevasses rocheuses et même terriers abandonnés dans les rives sableuses pour les espèces du genre Microcerculus. Les couvées varient de deux à trois œufs à cinq ou sept en fonction de la distribution. Les oiseaux des régions tropicales pondent moins d'œufs que ceux des zones tempérées. Mais tous produisent habituellement plusieurs couvées par saison. L'incubation est souvent assurée par la femelle et parfois, le mâle la nourrit au nid. Cette période dure de 12 jours (Troglodytes des canyons et des rochers) à 23 jours (Troglodyte des cactus), mais en moyenne 18 à 20 jours dans la majorité des espèces.

Des oiseaux comme le Vacher à Tête brune et le Vacher luisant peuvent parasiter les nids ce qui entraine l'échec de la reproduction.

En Amérique du Sud, le Géocoucou tacheté (Tapera naevia) et en Europe le Coucou gris (Cuculus canorus) posent le même genre de problème. Le Donacobe à miroir pratique également la reproduction en groupes quand les populations sont importantes. Il construit une coupe ouverte dans la végétation, souvent au-dessus de l'eau ou de la rive. La femelle seule incube les deux ou trois œufs pendant 16 à 18 jours. Cette espèce ne produit en principe qu'une seule couvée par saison.

De nombreuses espèces de troglodytes ont une vaste distribution, mais leur habitat est fragmenté et dégradé. Les morts naturelles par manque de nourriture quand les conditions climatiques sont mauvaises sont des menaces sérieuses pour les populations pendant les années qui suivent. Mais les troglodytes sont en général capables de récupérer assez rapidement les nombres initiaux.

Sources  :

HANDBOOK OF THE BIRDS OF THE WORLD Vol 10 by Josep del Hoyo-Andrew Elliott-David Christie - Lynx Edicions - ISBN: 8487334725

WRENS, DIPPERS AND THRASHERS by Brewer David – illustrated by Barry Kent Mackay- Yale University Press - ISBN: 0300090595

CREAGUS@Monterey Bay (Don Roberson)

http://creagrus.home.montereybay.com/

Wikipedia (Wikipedia, The Free Encyclopedia)
http://en.wikipedia.org

par Nicole Bouglouan